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Sorte de page vide de sens, bien que pleine de mots, histoire de tourner... la page justement.
Inutile mais jamais seule, car dans ce genre de situation se trouvent bien des pages subissant un sort déshonorant pour une page: ne porter aucune idée.
Humiliant est le fait de porter sur cette page un tel jugement, un commentaire sur des idées qui n'existent pas. Cela s'appelle parler pour ne rien dire.
La consolation est bien mince de le faire à la perfection. Comment supporter un tel non sens.
D'ailleurs, si pouvoir était donné aux pages de s'immoler par le feu, vous seriez surpris, tous autant que vous êtes, du peu de livres qui échapperaient à l'autodafé.
Non que chacun de ces livres, mis en cendre soient mauvais, voire pire, médiocres, mais s'agissant d'oeuvres d'art véritablement,
le risque est grand qu'une seule des pages, ne supportant pas le fait d'être inutile parmi tant de beauté, de nécessaire présence, d'excellence; s'immole.
Ainsi plonge le livre entier dans le suicide collectif par solidarité physique, d'une seule et unique page.
Mais pour conserver espoir, pour leur donner une raison de vivre, pensons; pensez avec moi que ces pages inutiles,
si elles se retiennent de prendre feu, ont l'utilité de sauver le livre des flammes et ainsi un chef d'oeuvre sera peut-être épargné.
Mais n'oubliez pas que si ces pages dans vos livres sont trop nombreuses, surtout n'oubliez pas, auteurs,
que votre livre échappant de justesse, aux flammes de l'enfer de l'auteur impuissant, n'échapperont pas aux flemmes des lecteurs
qui s'ennuient ferme dans votre livre. Alors, pensez à eux et ne parlez que le moins possible pour ne rien dire.

JPABT