jardin d'hiver1
Jardins divers




Dans ce grand jardin aux bancs sales et humides, plein de boue et de feuilles mortes qui vous collent aux pieds, la chaleur était inexistante.
Mais j’y croyais tellement fort que le soleil m’embrasait au-dedans et chaque centimètre carré, touché par un rai de sa lumière,
faisait de ce par-dessus mité, la meilleure protection qu’il eut pu exister contre le vent mordant qui courait sur le sol.
Peu importe la nature du sentiment, son acuité ou sa profondeur, voire son existence ; c’était pour ma part, l’instant agréable ô combien, par excellence.
De doute, nullement. Je savais que tu ne m’aimais pas et de même, en mon âme et conscience, je n’éprouvais aucun sentiment vrai, à ton endroit.
Seule l’ivresse du moment, l’idée qu’une caméra puisse nous prendre dedans, dehors, en faute avec nous-mêmes, mettait du piment à la chose,
et ce romantisme pour le romantisme, sans rien d’autre que la souffrance pour la souffrance, était bien la seule chose qui m’intéressait
dans mes rapports avec cette jeune femme, comme avec toutes celles qui s’y étaient déjà piquées.
Chaque moment était intensément vécu et le film battait son plein, de sorte que, tel un rôle parfaitement ressenti, j’étais réellement amoureux sous la lumière du projecteur divin.
Péché d’orgueil, narcissisme exacerbé, allez savoir. Toujours et toujours, je recherchais le danger de me brûler vraiment aux jeux de l’amour et du hasard.
Ce jeu s’accompagnait souvent, mais pas toujours, d’une suite sensuelle et plus cela allait, en longueur de temps, plus le danger était grand.
Succomber à la chair, quoi de plus normal. Mais la douleur est trop bonne de ployer sous le poids écrasant de l’amour, aux poumons, aux tripes et à la tête.
Que de pleurs, que de songes, de part et d’autre, que de mensonges à soi et aux autres, aux sois et à l’autre. Que de délices dans le satin, que de crimes dans la soie.
Et pourquoi ? Parce qu’un jour quelqu’un vous a dit non, quelqu’un vous a joué de vous, s’est joué de vous et vous a jeté plus bas que terre en continuant de vous achever éternellement.
Quelle revanche peut-il cela, vous apporter, quelle satisfaction peut épancher un cœur blessé ? Peut-on oublier cette blessure qui n’en est pas une et qui pour ça, ne se refermera jamais ?
J’avais cru, une fois, trouver une manière simple d’aimer, simple mais belle, et elle ressemblait au bonheur comme il est chanté si bien, par ceux à qui il échappe.
Cette manière s’appelait ennui et l’ennui m’a écoeuré. Le seul vrai bonheur, c’est de souffrir d’amour et ceci après maintes expériences malheureuses. Je n’ai jamais été déçu.
Chacune fut déchirante et j’ai bien cru ne jamais m’en remettre, quel bonheur, mais à chaque fois m’en remettant. Triste !
J’attends avec impatience, celle qui me fera mettre fin à mes jours, d’amour.
(Manchild, will you ever win? Turn around & ask yourself! Neneh Cherry)

JPABT