irak

IRAN IRAK



Il se rend, il raque et ça explose !
Il fait bleu, le soleil est beau et le balai va et vient sur le pare-brise étalant le rouge qui pisse des entrailles du type
qui se tient le ventre alors que tout son dedans ne demande qu’à s’étaler, quand il sera mort.
Puis il s’écroule, l’œil glauque et il en met partout autour de lui.
Je sors de la jeep. « Pauvre type. Il a fait un pas de trop ! C’est con ! Il venait juste d’arrêter de se battre. »
Je file dans un coin de désert qui n’existe pas mais que j’imagine pour être seul et je laisse détaler un renard des sables,
un fennec, venant du fond de mon ventre en rébellion.
J’aime l’odeur du gasoil, le matin dans le désert, quand au froid succède la chaleur torride et que le moteur commence à chauffer dur.
On peut alors se concocter un petit breakfast sympa, sur le pouce avec ce qu’on a pillé dans un village, la veille.
« Sont bons ces œufs et ce café. Dommage qu’il y ait ce goût de sang ».
Même cuit, le sang humain, ça vous laisse une boule là, un peu en dessous de la gorge.
Mais de toute manière, on n’a pas le temps de s’attacher à des petites contrariétés du confort quotidien.
Ici, il faut vivre sans autre souci que de survivre et rien n’a plus le même impact.
La mort devient tellement familière, n’attendant qu’une occasion pour vous taper dans le dos, pour rire de la bonne blague qu’elle va vous faire;
que l’esprit s’ampute d’une part de lui-même, qu’il ne retrouvera jamais.
Demain ou tout à l’heure, il y aura encore des hommes devant nous.
Certains baisseront les armes et lèveront les bras, d’autres lèveront les yeux au ciel et baisseront leur doigt sur la détente.
Des flèches argentées ou dorées les briseront comme du bois sec.
Ils seront heurtés, vidés, explosés arrachés et occupés par des projectiles sans âme, que celle du canon de notre mitrailleuse qui les a vues éclore.
Des fleurs exploseront de couleur autour d’eux, étouffant le vivant, éclatant le solide.
Pour le vrai, le vécu, ils repasseront ! On ne montre pas ces choses-là aux spectateurs du grand combat.
Les télévisions, ni les radios ne retransmettent les odeurs ni les douleurs, simplement parfois, l’horreur.

JPABT