colonie 1
Eau de colonie

Des kilos et des kilomètres d’une oasis en plein cœur du désert quotidien.
Je suis à nouveau errant parmi les âmes flottantes des autres, qui s’accrochent parfois à un haut fond charmant,
un souvenir commun et se détachent, emportés par la lame tranchante d’un lien si rare.
Ballotté par le va et vient, je flotte entre deux eaux, de cette étendue d’ennui humide.
Et je vois au loin, ton reflet brillant qui s’en va, qui s’en vient et qui repart à jamais sous d’autres latitudes.
Alors va, anguille, glisse, je ne te regrette déjà pas. File, je t’oublie dans un tiroir de ma mémoire dont je perdrai la clef !
Ici, les saisons sont mortes ou grabataires et le temps jouissif, joue à la roulette russe.
Un coup, c’est bon, mais sans danger, les balles sont des pétards mouillés et personne n’y prend son pied.
Rien que de la fatigue physique, une usure par l’usage, comme avant un grippage par l’abandon.
Un vieux tacot remis à neuf mais qui n’avait jamais servi. C’est cela le pucelage d’un quadragénaire.
Pas encore mort, en cormor, en corps mort, mais bien décati, les muscles n’ayant jamais servi, ils tombent de leur inconsistance.
Les rais de rouge flashent en bandes, à travers les stores de ma chambre, ouverts au soleil levant qui rase les murs de très près.
C’est la chaleur montante qui réveille également la chatte de l’ambassade, madame l’ambassadrice qui comme chaque lundi que le créateur fait,
s’adonne aux joies de la promenade, se tenant au club quand elle fatigue et « puttant » de temps à autre une balle pour la mettre dans le trou.
Comme le fait son professeur, de son membre quand elle fait le dernier trou du parcours.
Les joies de l’ambassade.

JPABT