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A cinquante à l’heure, tranquille « Mimile », je roule pénard sur la voie bitumée, hors circuit de 120 où tout le monde s’engouffre dans le flot dangereux.
Non, je reste en ville, sympa, ne poussant nullement le turbo.
Bien sûr, il y a des dangers qui roulent les mécaniques.
Mais ceux-là, j’attends que la mécanique les nique avant d’aller pisser sur leur tombe,
en mémoire du temps où ils me « pissaient à la raie » comme il est commun de le dire chez eux.
Bien sûr que s’ils ne s’y poussent pas tous seuls. Je les y aiderai volontiers, dans la tombe.

« Alors quoi, je rêve, on s’est craché…
C’est pas beau à voir salopard, les tripes étalées sur cent mètres de bitume,
le peu de cervelle qui te tenait lieu de cerveau, aux quatre vents, éclatée et les yeux exorbités,
pendant de je ne sais où, à la place de ce que furent vos couilles, monsieur.
Vous voilà bien avancé.
Sachez qu’à la fin, je vous double et pisse un jet de lave-vitre sur les essieux qu’il vous reste pour pleurer.
Je repasserais même volontiers sur vos restes fumants, dans la froidure du petit matin pour voir
ce que les charognards auraient laissé de vous et de votre superbe engin, tout encastrés que vous seriez, réunis dans la plus conne des positions : la mort.
Là, peut-être aurais-je eu comme un relent d’humanité,
en lâchant un pet tonitruant pour coiffer ce qu’il reste de votre pétard avenant,
le cigare que vous aviez au bec, ressortant du bout des lèvres.
Puis lâchant une larme, je constaterai que vous étiez une femme et plutôt vachement belle,
derrière la vitre teintée et que c’est con de mourir à une ou deux fois vingt ans, un soir d’été ;
qu’à tort ou à raison, quand la raison a tort, le tort tue!

JPABT