Vietnam War Air Operation

Un hélicoptère décolle du toit de l’ambassade et les pétards se fondent au soleil pour lui faire un adieu joyeux.
C’est un certain jour d’une certaine année, celle du chat je crois, aux environs de février et c’est la fête du Têt.
Je m’envole à jamais, loin de ce pays où j’aurais laissé de moi, plus que je ne croyais, à ce moment.
Il fait chaud et le soleil n’arrange rien. Cette grosse boule jaune orange, qui oublie de faire évaporer la moiteur tropicale mais conserve les parfums de kérosène ou de carburant de l’hélico.

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C’est un Grumann qui m’emporte sur le pont d’envol d’un porte-avion américain.
Je salue en sautant de l’appareil, mon pavillon qui flotte à l’arrière du pont et me laisse router par le service d’encadrement.
Cette scène restera pour longtemps, gravée dans ma mémoire. Mais elle n’est pas la seule et ce que j’ai vécu là-bas ; rien ne pourra me les faire oublier.
Je suis lieutenant dans le corps des marines.
Nous venons d’évacuer le Vietnam comme les rats quittent le navire, et Saïgon ne sera bientôt plus qu’un nid de pourris de viet-congs.
Le communisme n’a pas fini de faire des ravages dans cette partie du monde. La liberté a pris fin chez les viet-minhs, et c’est la débandade.
Je retourne chez moi, en Louisiane à la Nouvelle Orléans. Ici j’ai vidé mon sang, mes tripes, mon sexe aussi et mon arme surtout.
J’aurais peut-être une ou deux vies en moins à mon actif, mais combien de morts, combien d’amis ou non disparus ou morts à mes côtés, prenant une balle qui m’était destinée.
Ce que je n’oublierai pas plus, c’est cette apparition, que d’autres gars assurent avoir vu également le soir de sa mort sur différents théâtres d’opération;
ce grand marines qu’on surnomme Camouflage.
Il m’a sauvé d’un guet-apens alors qu’il se trouvait à des kilomètres de moi, de chacun de ceux qu’il a sauvés, sur son lit de mort, au camp de Tan Sohn Nat, près de Saïgon.
Comme les autres gars, je ne me l’expliquerai jamais, mais je lui dois la vie.

Merci Camouflage d’être mort pour moi.
Ton chien que j’ai adopté, tu lui manques et je le comprends.

(D’après la chanson Camouflage de Stan Ridgway)

JPABT

VIETNAM EVACUATION