pieuvre
La course



Là sur la route, je me sens courir et il fait chaud, si chaud que je me liquéfie.
Je dois être fou ou plein d'alcools car jamais auparavant je n'avais éprouvé de plaisir à ce genre de chose.
Mais que s'était-il passé?
Etait-ce ce soleil californien où les Peugeot se prenaient pour des Corvette et les Renault des Buick,
ou bien le quart d'heure américain de Marlboro Music qui serinait des airs de vieux sud,
pas forcément californiens mais certainement bien vieux sud et très Marlboro, avec les trois K sur le paquet.
Je sue comme un mouton sur la broche au méchoui et puis tout à l'heure, je ferai des abdos.
Là, je suis pleinement givré. C'est le délirium tremens ou je me fais curé.
Tout à l'heure, je mangerai diététique et je ferai particulièrement gaffe aux calories superficielles.
Et toi chérie, tu seras folle de mes abdos, de mes pectoraux, de mes triceps, de mes deltoïdes.
Dis, chérie, et mon cerveau là dedans, privé de son essentielle ration de superflu,
de sucres, de calories en trop, des plaisirs en général, l'aimeras-tu?
Mais pourquoi faire tout ça?
Pourquoi, dis-le moi!
Si je m'en souviens, tu disais: "Tu cours vers l'infarctus".
Si faux ou vrai que ce fut, j'ai pris mon courage à demain et je me suis mis à courir en sens inverse.
C'est con, en fait, même avant, je courais et je ne le savais pas.
Et c'était la plus intéressante des courses, une course avec la mort.
Et tôt ou tard, j'aurais gagné.




JPABT