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ça y est. L'eau dans la bouilloire venait de siffler Jerry pour lui dire de mettre

une cuillerée à café de grains solubles dans sa tasse. Jerry avait des

kangourous dans la tête et le match de boxe était loin de s'achever. Non pas

qu'il ait bu plus que de raison, même si cette dernière était inaccessible à

quelque niveau d'imprégnation alcoolique que ce soit; mais Jerry avait des

migraines à se taper la tête sur les murs. C'est pourquoi, il s'était décidé à

adopter une couleur rouge pour peinture, pour que les tâches ne jurent pas.

C'est l'ensemble de son appartement qui

choquait : tout en rouge, sauf la salle de bain, pour voir quand son sang

s'arrêtait de couler. Il est certain que ses altercations avec ses petits

camarades, compagnons de la bouteille, n'arrangeaient pas vraiment les dites

migraines. Quoiqu'il en soit Jerry s'était lavé aujourd'hui et il se sentait

prêt à recommencer le mois suivant si il ne saignait pas avant. Si il faisait

chaud, il pousserait jusqu'à engraisser la compagnie des eaux d'une douche par

semaine. Pour sûr que Jerry était un gars propre sur lui. En tous cas, il était

le seul à ne se négliger qu'à moitié. Etait-ce sa différence et cette

ressemblance d'avec son cloaque de monde de boissons qui faisait de Jerry un

écrivain? Ecrivait-il pour décrire sa vie ou son enfer? Ecrivait-il pour être

lu ou seulement pour éponger son intérieur? Toujours est-il que ses écrits ne

reniflaient pas du tout l'alcool mais plutôt une sorte de pureté des sentiments

sortant d'une flaque de boue. Il écrivait pour écrire si cela se suffit, par

passion, ou écrivait-il pour vivre son rêve profond?




Maintenant

que je le lis, je comprends pourquoi il a écrit, car son rêve m'emporte et

devient mien. Jerry m'a ouvert des portes inconnues de cités imaginaires, m'a

fait devenir roi, et tomber plus bas que terre, pour retrouver la dignité

d'être humain. Enfin Jerry est parti dans ses livres, comme dans des vaisseaux,

voguant vers des rivages nouveaux. Alors que le crabe a bouffé le foie du

poivrot, ce qui reste de lui passe de mains en mains, enflammant les cerveaux.

JPABT