JERRY
Par J.P.ABT le vendredi,28 octobre 2011, 14:41:00 - Textes en prose - Lien permanent
ça y est. L'eau dans la bouilloire venait de siffler Jerry pour lui dire de mettre
une cuillerée à café de grains solubles dans sa tasse. Jerry avait des
kangourous dans la tête et le match de boxe était loin de s'achever. Non pas
qu'il ait bu plus que de raison, même si cette dernière était inaccessible à
quelque niveau d'imprégnation alcoolique que ce soit; mais Jerry avait des
migraines à se taper la tête sur les murs. C'est pourquoi, il s'était décidé à
adopter une couleur rouge pour peinture, pour que les tâches ne jurent pas.
C'est l'ensemble de son appartement qui
choquait : tout en rouge, sauf la salle de bain, pour voir quand son sang
s'arrêtait de couler. Il est certain que ses altercations avec ses petits
camarades, compagnons de la bouteille, n'arrangeaient pas vraiment les dites
migraines. Quoiqu'il en soit Jerry s'était lavé aujourd'hui et il se sentait
prêt à recommencer le mois suivant si il ne saignait pas avant. Si il faisait
chaud, il pousserait jusqu'à engraisser la compagnie des eaux d'une douche par
semaine. Pour sûr que Jerry était un gars propre sur lui. En tous cas, il était
le seul à ne se négliger qu'à moitié. Etait-ce sa différence et cette
ressemblance d'avec son cloaque de monde de boissons qui faisait de Jerry un
écrivain? Ecrivait-il pour décrire sa vie ou son enfer? Ecrivait-il pour être
lu ou seulement pour éponger son intérieur? Toujours est-il que ses écrits ne
reniflaient pas du tout l'alcool mais plutôt une sorte de pureté des sentiments
sortant d'une flaque de boue. Il écrivait pour écrire si cela se suffit, par
passion, ou écrivait-il pour vivre son rêve profond?
Maintenant
que je le lis, je comprends pourquoi il a écrit, car son rêve m'emporte et
devient mien. Jerry m'a ouvert des portes inconnues de cités imaginaires, m'a
fait devenir roi, et tomber plus bas que terre, pour retrouver la dignité
d'être humain. Enfin Jerry est parti dans ses livres, comme dans des vaisseaux,
voguant vers des rivages nouveaux. Alors que le crabe a bouffé le foie du
poivrot, ce qui reste de lui passe de mains en mains, enflammant les cerveaux.
JPABT