fil du rasoir

Du bord de ce lit, je m’apprête à plonger,
Vivre mon interdit avec sincérité ;
Franchir ce pas avec telle allégresse,
Qu’on n’en revient pas, sans de la tristesse.

J’avais envie d’aimer pour me sentir vivre,
Mais voilà que j’aime et c’est plus fort en corps,
Je m’aperçois qu’avant je n’ai fait que survivre,
Me mentant à moi-même, persistant dans mon tort.

Maintenant que je sais, je me lance comme avant
A fond sans réfléchir, les étapes brûlant,
Au risque de ravager, la source du désir
Qui prend peur de mes faims, d’amour et de plaisir.

J’offre je le crains, le spectacle ridicule
D’un adulte enfantin, juste sorti de sa bulle,
Pourtant je vis à fond ce mal-être permanent,
Mon poitrail et mon ventre ouverts à tous les vents.

Et ma tête se remplit puis se vide,
De mes pensées folles qui brûlent comme l’acide,
Epongées en partie par mes lignes éperdues
Sachant bien au final, que c’est peine perdue,

Ou plutôt gagnée, car ce que je vis n’est pas partagé.
Même si j’ai tout osé pour me faire aimer,
J’arrive dans un jeu de quille tel un chien enragé,
Mais je ne propose rien et ne peux rien donner,

Que ma folie qui n’est pas passagère
Rien qu’un aller simple pour mon enfer!
Voilà pourquoi je vais droit dans le mur,
Même si pour l’heure je fais bonne figure.

J’ai une famille et je suis un père
Suis-je pour cela condamné à l’austère?
J’ai pas les épaules pour vivre en adultère
J’ai tous les scrupules que n’a pas eus mon père.

Ton paradis m’a ouvert à la faim et à la foi!
Comme je ne sais qu’aimer, entièrement à chaque fois,
Avec cette force qui peut paraître brutale,
Et cette rage de vivre qui tient de l’animal

Mais ton amour réclame plus de finesse
Celle de l’esprit et de la délicatesse
Et si j’ai cru trouver la voie de ton cœur
Je mesure tout le chemin pour en sortir vainqueur

Fort et affaibli de tout ceci, j’avance serein, dans le noir
Je quête ton paradis, crève de mon enfer, et vis le purgatoire
Pourtant, je porte sur mes épaules tout le poids et les espoirs
Confiant en demain, je marche sur le fil du rasoir!

JPABT