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Cons, fessons! (Tout dire avant de mourir)

Aujourd'hui je prends la voiture et je roule dans la nuit, seul, les feux éteints dans les rues éclairées.
Veux-tu que je roule toute la vie comme ça, passant de villes en campagnes, de campagnes en victoires et de victoires en débâcles?
Toi qui attends un être exceptionnel, sans modestie fausse ou larvée, n'attends plus et sers moi de ta coco dans mon coeur, car je suis à la panne ce que l'essence est à ma peine.
J'ai besoin de rouler et dans quelques jours, plus qu'avant, il va falloir rouler plus vite, plus fort et bientôt sans essence.
C'est le djihad: la guerre sainte islamique et c'est pas fini. Les canons vont parler et les épées de Damoclès vont tomber; pas forcément où l'on croit.
Cela bouge ici, là-bas aussi, mais on ne veut pas le voir. Cette fois-ci est la bonne et j'ai peur. Je n'ai pas tant crainte de mourir, mais de ne plus pouvoir souffrir ou aimer.
C'est maintenant le temps qui me manque et c'est toujours comme ça que j'ai fonctionné jusqu'à présent.
Toujours réagir, seulement au dernier moment, quand il est trop tard, quand il n'est plus temps de réagir, d'agir. Et c'est la vitrification!
La vitrification : belle mort que voilà. Noyé dans la masse, mourir solidaire en peuple, en un seul génocide. Meurtre d'un peuple par un autre peuple.
C'est ce que tout le monde désire et ce n'est pas une solution. C'est même le contraire. C'est un problème plus grave qu'on pose à la place d'un autre problème.
En attendant dans l'intervalle, des millions d'âmes même musulmanes, des âmes humaines avant tout, vont disparaître, comme par magie.
Je déteste ça et pourtant je l'ai envisagé, je l'ai même souhaité. La haine fait faire tant de conneries qu'on ne fait pas par amour.
La haine fait croire aux hommes qu'ils sont sorciers, ingénieurs physiciens ou chimistes, ou simples hommes politiques.
Les pions de ce jeu qui n'a d'autre terrain que le berceau de l'humanité : le Tigre et l'Euphrate, c'est toi, c'est moi. C'est triste à en rire.
On va commencer la fin, là où a fini le commencement, jardin d'Eden à la con, devenu un marais, un désert.
C'est quand même trop bête mais peut-être que les livres avaient écrit l'histoire bien avant qu'elle ne se donne forme et ne s'auto-détruise, puisque , quand toute âme aura disparue, il n'y aura plus d'histoire.
Simplement peut-être ailleurs, relayées par quelques tonnes de métal voyageant dans l'éther intersidéral, des légendes sur une planète bleue comme une orange, qu'on appelait la Terre.
Alors on se demande pourquoi je hais le fanatisme, ou même le principe d'abrutissement des religions non tolérantes qui n'aspirent pas à l'élévation de l'âme
mais à sa mise en esclavage, à son embrigadement et à la conquête plus grande de nouvelles âmes sur de nouveaux territoires. C'est ça la guerre de religion.
Mais en rejetant tous ces mécanismes, je me pose en guerrier et en conscience, en une croyance qui est mienne jusqu'aux tréfonds de moi-même.
Et si je me bats au sein d'une armée, c'est parce que ses buts, mêmes obscurs ont pour visée d'empêcher une religion de s'étaler, de détruire, d'embrigader.
Car en elle-même, cette religion génère des despotes, puisque son interprétation est despotique. Qu'il s'agisse de la religion musulmane ou catholique.
Je les rejette alors toutes deux sur le même pied d'égalité. Le moyen le plus sur, pour elles, de se détruire, c'est de faire face au progrès.
Là, les faux principes éclatent devant le miroir de la science. La conscience s'éveille et si l'homme n'en devient pas meilleur, il en devient moins con, et c'est déjà pas si mal.
Mais cette guerre est tellement à double tranchant que si les hommes ne comprennent pas vite qu'ils sont le jouet d'une part et d'autre de croyances fausses et erronées,
ce sera la dernière fois que cela pourra leur arriver. Si l'homme est mauvais... peut-être.
Moi, je persiste à croire qu'il est bon, pour reprendre la pensée de Jean-Jacques Rousseau,« naturellement bon », même s'il porte en lui le ferment animal de sa propre perte,
la notion de territorialité dont tous les vices découlent, notamment celui de l'argent.
Ce que sa propre humanité qui est une tout autre richesse, lui permet de combattre par le partage, l'aide, l'accueil, le don, l'écoute et l'empathie.
Ce n'est pas en se réfugiant, dans une religion, comme une autruche se met la tête dans un trou que chacun trouvera un réconfort véritable, mais plutôt l'aliénation de son libre arbitre.
Mais de toute part, je me pose là pour "juger", même si je n'en ai ni l'envie, ni la légitimité, de la bêtise des hommes en masse.
Les moutons de Panurge n'ont qu'à bien se tenir; la concurrence est écrasante chez leurs homologues à deux pattes. Le plus bête dans l'histoire, c'est que tout le monde ira à l'abattoir.
Maintenant que tout est dit et qu'on n'y peut plus rien, je reste avec mes souvenirs, mes regrets aussi, quoique j'ai pu dire ou avoir l'audace de penser.
J'aurais aimé écrire. Non pas un livre, mais quelque chose de plus vrai; même si ça ne dure pas autant. Le livre, c'est vrai, j'aurais aimé l'écrire.
Mais pour cela, il faut avoir quelque chose à dire, à exprimer, quelque chose de profond et d'humain, il faut avoir l'amour en soi.
Non, moi j'aurais voulu écrire avec une autre plume sur le corps nu de la seule dame qui aurait pu, à mes yeux, porter ces écrits-là, même si elle ne le voulait pas.
Est-ce bien considéré de le redire encore, je ne le sais pas et je m'en moque un peu, je veux des enfants de toi. Si personne ne sait qui tu es, c'est qu'il n'aura pas lu ces cahiers.
Tu es La femme, tu es Vénus, ronde comme la Terre ensemencée. Ces écrits là te combleraient dans tes désirs de mère et dans les miens de père, dans les nôtres inconscients du don de la vie,
de la prolongation de la notre en espèce, de notre apport à leur vie, cette manière de pérennité qui est l'amour parental, si imparfait soit-il.
Je le veux maintenant, même si je ne te désire plus en corps, ni en esprit, mon amour est resté intact. Et ce n'est pas en souvenir du passé, ni pour laisser une trace.
Non, c'est pour donner la vie avant de donner la mort ou la combattre, même si donner la vie c'est donner la mort assurément, cadeau empoisonné et inéluctable que les parents font aux enfants.
Mais comment le leur dire? Que c'est par amour! C'est par amour que des millions d'années durant, la flamme de la vie s'est transmise et a embrasé ce beau fruit bleu que nous pourrissons.
Je sais que tu seras une bonne mère, imparfaite mais aimante, pour tes enfants tu te battrais à mort.
Et moi avant de partir, j'aimerais donner un sens à mon combat, donner vie aux êtres qui peupleront le monde pour lequel je vais donner ma peau, pour toi aussi.
Et si un jour, je reviens, je veux donner cette expérience acquise, pour leur profit, le meilleur de nous, que tout ce malheur ne se reproduise plus.
Tu vas te dire que c'est du délire et c'est peut-être vrai mais ce sont, à mon sens, les seules raisons qu'à un homme de se battre, de "réagir" parce que pour moi réaction veut dire combat;
la fin veut dire la mort et les choses ne sont pas si empruntes de rectitude dans ce monde, mais c'est comme cela que je les vois et que je veux me les faire à mon goût et pas au goût de la masse.
J'ai l'impression de me donner une importance que je n'ai pas, moi le quidam, j'ai la désagréable sensation de m'aimer peut-être trop, au seuil de la mort, moi qui ne m'aimais pas,
et si tu savais comme je me déteste pour ça, à souhaiter en mourir. Et le souhait disparaîtra pour laisser place à la réalité, une fois exaucé.

Toutes ces photos, cette collection érotique si peu pornographique au final, sont la trace de mon indécision, de mon mal-être et d'une angoisse permanente et obsessionnelle,
calmée au quotidien pour me permettre de vivre serein. Mais cette occupation peut être de chaque instant et prend un pas important sur ma vraie vie, m'empêchant finalement d'être heureux, mais vivant et rassuré.
Son pendant est cette boulimie, cet appétit impérieux d'amour, d'affection, de sexe, jamais rassasié. Alors, je recherche la beauté dans tous les sens du terme, même si je prône mon dégoût de la perfection
qu'au fond je recherche, au fur et à mesure que je tends à l'approcher, elle s'éloigne insaisissable.
Cela pourra paraître salace, de mauvais goût, mais c'était mon jardin secret et je tenais à ce qu'il le reste, jusqu'à ce que je me voue à un seul corps, une seule âme, le jour où je brûlerai tout.
Ces déviances "désirielles" ou "phantasmagoriques", je ne les considère pas avec honte mais je n'aimerais pas être réduit dans le souvenir que je laisserai après ma mort, à cette névrose compulsive qui m' a
considérablement réduit de mon vivant en tant que mâle nécessaire. Cette névrose m'a bridé mais j'ai fait ma vie en en prenant mon parti, comme quelque chose que je maîtrise alors que j'en suis le jouet.
En contre partie, je suis devenu d'abord froid et manipulateur, si peu acteur, tellement rêveur. Je ne sais pas à qui je dois dire ou non merci de ce cadeau pourri.
Alors je regarde autour de moi et je vois la misère de l'âme de certains, de cœur d'autres, j'ai pitié et j'en souffre parce que j'ai encore toute ma tête et cette conscience aiguë des autres en tant que personnes humaines, qu'autres moi, méritant le respect. Beaucoup se croyant dignes d'un respect qu'elles ne méritent pas, et d'autres le plus grand nombre, étant dignes de tout le respect qu'on ne leur a jamais montré, sans en avoir eu la conscience.
Et je suis heureux de savoir que cette vie a une fin, pour moi comme pour les autres, même si je la redoute avec une acuité plus grande depuis que je sais qu'un jour, je deviendrai père.

J'aime les femmes, mais je ne les ai jamais "comprises". C'est plutôt que je les considérais en êtres bizarres, d'exception et pourtant si prévisibles après coup, parfois si médiocres et souvent si merveilleuses,
gouvernées par leurs sentiments, leurs rêves, leur spiritualité et leur corps. J'aurais pu ne pas les croire humaines et pourtant, elles le sont tant.
Je ne sais pas ce que je suis moi-même et je me pose tant de questions qu'à force de chercher des réponses, je vieillis encore trop vite.
Inconsciemment, suivre la trace de son grand père, de ses deux grands pères, car je n’oublie pas que j’ai fait à l’un, pour de funestes raisons, ce qu’on reproche à d’autres et dont je suis contrit profondément,
d’avoir fait à celui qui me restait encore. Inconsciemment, suivre la trace de mon père dans sa perturbance, suivre un chemin tracé dans le sable, si c’est possible, par grand vent sur des sables émouvants,
d’en prendre plein les yeux et la bouche, plein les oreilles, à en rester sourd et tout entendre, comprendre, les pieds en sang, le cœur aux vents, bons ou mauvais et d’avancer pourtant.

Le marcheur n'a pas encore entamé sa longue route vers l'infini, qu'il entendra bientôt le carillon sonnant le dîner, là où il doit aller.
Non, ce n'est pas une croisade, en a pourtant l'ampleur, l'aire.
De ce nid d'aigle arabe, le marcheur de la célèbre blague demandant sa route:
" L'Arabie c'est où dites?
Par là, mec!"

JPABT