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Des confitures

L'époque n'était point triste et l'on ne manquait de rien. C'était une période de paix et de prospérité comme jamais on ne revit depuis. Il faisait bon vivre et l'on mourrait le coeur plein de joie, des bons souvenirs et des bonnes bouteilles que les ennemis n'auraient pas, puisqu'il n'y avait plus d'ennemi.

Pourtant, un jour, un étranger arriva d'on ne sait où, qui avait les bourses bien pleines.

Il était beau et ténébreux à souhait. Si bien qu'il ne laissa pas indifférent le troupeau des femmes de l'auberge et surtout la plus jeune d'entre-elles, une jouvencelle qui se prénommait Groseille. Tôt éveillée aux plaisirs sensuels, la petite n'en était pas moins vierge et ceci semblait attirer l'intérêt, la convoitise de quelques clients généreux qui espéraient chacun pour sa part, arriver à cueillir cette fleur si mignonne et si provocante. Leurs espoirs furent vite déçus.
Le jeune homme, la première nuit s'en fut faire sa cour à notre pucelle qui ne put lui résister bien longtemps.
Comme elle le faisait si souvent depuis que son âge lui permit de se transformer en une petite femme, elle tomba en amour devant la beauté du "diable en personne". C'est ainsi que les jalouses, ses consoeurs les autres filles, l'appelaient.
Comment fit-il pour cueillir cette fleur, qui cent fois s'était refusée par crainte de la douleur et de la vue du sang?

Un matin désert, lors que toute la maisonnée s'en fut à la messe; la petite étant restée seule pour commencer de préparer le repas, c'était le tour de chacune tous les dimanches, le bel adonis se rentrait d'une promenade. Il n'était point homme pieu. A sa manière, il communiait, mais en pleine nature.
La faim le tenaillant fort, il héla la commère afin qu'elle lui apporte de quoi soulager sa fringale. C'est avec un plateau plein de bonnes tartines de pain blanc et de confitures maison de toutes les sortes, qu'elle entra dans le séjour où l'attendait l'affamé, son "amoureux" du moment. Mais la joyeuse s'aperçut bien vite que c'était d'une autre fringale que le gueux voulait s'acquitter.

Il commença à la caresser avec insistance des cheveux jusqu'aux pieds, tout en engloutissant les tranches de pain frais copieusement garnies de confiture de fraises.
La pucelle, peu farouche aux caresses et aux baisers sucrés de l'hidalgo, se refusa à pousser plus loin ses attentions envers le jeune homme. Ce qui ne lui plut guère.
Ayant terminé le petit pot de confiture de fraises, il pria la servante de lui en porter un autre car c'était le seul qu'il goûta fort.
Il la suivit en tapinois dans la cuisine et là, sur la table en chêne massif, il manoeuvra habilement, vers le connet de la mignonne.
Un pot de confiture tout juste ouvert, dégoulinait sur la peau douce de la servante. Il s'empressa de trouver cela meilleur que sur du pain et tout en la déshabillant d'une main agile, il lui dévora l'endroit où chut la marmelade.
Puis, voyant que cela plaisait à la coquine, sur elle nue, il versa le contenu entier du pot, pour l'en badigeonner.
Ainsi sur la table de la cuisine, il la lécha longuement, la suça interminablement, dans tous ses recoins et pour finir, la pénétra, arrachant l'hymen, qui sentait la fraise.
Il se versa le contenu d'un pot de confiture d'abricots sur son corps dévêtu, elle le massa puis lui administra le traitement qu'il lui avait fait subir, ses pertes baignant dans les restes des confitures rougeâtres.
Elle n'était plus inquiète. Les coups de boutoir du jeune homme, outre sa virginité, avaient fait voler en éclats ses inhibitions. Mieux que cela, elle s'éveilla aux plaisirs réels de la bonne chère.

Etait-ce cet abus de sucreries de toutes sortes, ce dimanche d'orgie culinaire, mais toujours est-il que la belle prit de plus en plus de poids et neuf mois plus tard, elle donna le jour à une petite fille que l'on appela Cerise, parce que c'était rendu au pot de confitures de cerise que le mystérieux jeune homme se donna à elle.

Tout comme le père de sa mère le père de Cerise s'en était allé par les chemins pour ne jamais revenir en ces lieux. De même que sa mère, Cerise devint très belle et servante dans une autre auberge, plus loin, très loin. Ce que je sais de Cerise; c'est qu'elle adorait la compote de pommes.



JPABT