Mad
Un doigt sur les lèvres


Un doigt sur les lèvres
De lourds secrets sont tus
Et… s’endort mon glaive
Au creux de la saignée
Où il a si ardemment combattu
Pour finir par en crever

Laissant s’écouler le reste de ma vie
Au fond de cette jeune prairie;
Où tous les deux dormons.
Deux Vénus attendries veillent
Au repos du poète guerrier
Dans son dernier sommeil.
On nous avait promis des monts
Et merveilles ; mais qu’avons-nous trouvé ?

Une source en contrebas
Qui grossit au passage et devint torrent
Avalant avec grand fracas
Les assauts incessants, stimulés par la quête
D’une horde hétéroclite, au risque
De le voir se gonfler du désir de conquête.
Le prince asservi par l’odalisque
Le temps d’être son amant
Par un mot, par un geste tendre
Peut voir la montagne se fendre
D’une faille grande ouverte
Qui peut par plaisir le conduire à sa perte

Dardant ces deux collines aux pointes érigées
Qu’il gravit de ses mains, pour les y crucifier
Tandis que tremble cette terre
Des secousses qui l’habitent
Transes d’une injonction divine
Le paradis frôle l’enfer
Et nos corps lévitent
Prenant racine en toi, au fond de ta ravine
Entre le brasier sur Terre et la lueur des cieux
Je me perds pour toujours au fond de tes doux yeux.

JPABT 04/06/2014