chemin_de_croix.JPG

CHEMIN DE CROIT

Il passait son temps à créer des bulles de temps pour les lui offrir
Il inventait des histoires débiles pour noyer tous les poissons qu’elle pouvait lui présenter
Il s’était spécialisé dans la chasse aux lapins qu’elle lui posait même si elle s’en défendait
Il courait vers son mur encore plus vite même si c’était absurde
Il n’avait compris que trop tard que cette course était une course pour la vie contre la montre
Il n’avait plus peur de rien que la douleur qu’il pourrait occasionner et cela le bridait
Il continuait pourtant à vivre sa vie qui lui paraissait terne
Et pourtant toute l’énergie qu’il y mettait l’embellissait
Il avait l’impression de se sacrifier de se lacérer pour que personne n’ait à souffrir de lui
Il ne se rendait pas compte que de se battre contre ces moulins à vent créait un mouvement
Qui s’amplifiait comme le battement d’un cœur qu’il croyait froid et définitivement perdu pour lui
Son cœur se déchirait à chaque fois qu’il respirait
Sa tête explosait continuellement des pensées folles qui le taraudaient de leur lancinance
Depuis le début cette quête avait l’allure d’un voyage initiatique,
Il passait son temps à prouver sa foi et son dévouement
Il criait constamment son amour et ça venait de son âme
Pour panser ses douleurs, il écrivait ses pensers les tourments de son cœur
Les errements de son âme comme au temps jadis on faisait la cour à une belle dame
Il pensait vraiment arriver à l’atteindre mais chaque fois elle se dérobait
Par un mot doux ou une pirouette, s’inventant un chaperon
Sa quête aurait-elle un jour une issue autre que sa mort
Chaque jour il poussait son petit tas de cailloux qui grandissait s’amalgamait
Il se donnait l’impression d’être un « Sysiphe » remettant chaque fois sur le tas son ouvrage
Et toujours il s’efforçait de ne rien laisser paraître
Pour que son bonheur fugace ne nuise à personne qu’il aimait
Le mensonge était entré dans sa vie et pourtant il ne s’en sentait pas coupable
Il écoutait le vent, il écoutait la pluie, il écoutait les arbres
Et aucun ne lui disait que mal était ce qu’il faisait .
Et quand bien même il n’écouterait que ce que lui dicterait son cœur
Enfermé qu’il était dans le carcan trop pesant de ses responsabilités
Il se battait avec acharnement, en dépit du bon rythme, en dépit du bon sens
Epris de cette illusion plus forte que le bonheur qu’on appelle liberté
Il s’était lui-même emmuré à la perfection pour que ce qu’il avait construit ne
Puisse pas un jour aux siens nuire
Mais ce monstre qu’il avait nourri en lui avait fini par l’habiter
Et à son corps défendant à le transformer
Cet amour impossible dont il rêvait pour embellir une relation physique
Avait étouffé dans l’œuf toute velléité sensuelle voire charnelle pure.
C’est ce qui l’avait rendu intéressant et en même temps ce qui l’avait condamné
A ne faire qu’espérer, rêver, érotiser aux yeux de celle dont les besoins étaient concrets
Pourtant il ne s’arrêtait pas à ses besoins et prétendait voir plus loin dans son désir
Plus profond en elle, dans ce qu’elle ne pouvait concevoir de donner
Parce qu’elle était ainsi bridée par la vie et ses mauvaises expériences
Parce que sa vie s’était faite autour de cette défense perpétuelle d’aimer vraiment
Camouflée en besoin de donner son corps comme un présent et d’en ressentir profonde satisfaction
Comme un sacerdoce, une mission, un don de soi proche de la foi mais sans réel don , plutôt un prêt
Perdu dans toutes ces considérations, noyé dans le flot de ses mots
Il n’avait pas songé que si il avait fait tout ça, ce n’était pas par défi
Ce n’était pas pour se prouver qu’il pourrait un jour plaire
Ce n’était pas pour la sauver d’un mal dont elle acceptait l’emprise
Malgré le rejet si fort qui la maltraitait dans ses cauchemars
Il n’avait pas songé, il l’avait vécu, ressenti au fond de son ventre
Si fort et si profond comme si cela s’imposait malgré sa volonté…
Qu’ il la voulait car enfin, loin de se camoufler derrière le jeu de l’amour
Au hasard, malgré sa vénéneuse complexité, son charme captivant
Sa douceur enivrante, les nœuds, le feu de son ventre, et son sexe brûlant….
Simplement, il l’aimait.

JPABT