Proie du désir.

Par une ouverte avalé.
Je m'engouffre dans la vallée.
Dans une jungle échevelée,
Je bois la rosée qui a perlé.

A l'affût de l'antilope aux talons, haut perchée,
J'attends, pieu tendu, qu'elle vienne se prendre,
Au piège s'empaler, par le siège s'emmancher.
Surprise, ses talons claquent, elle commence à comprendre...

Sa nuque fragile fond, sous mon souffle chaud.
Un frisson parcourt son échine, le plaisir d'un contact fort
Ou bien la crainte que j'y plante mes crocs.
Mais le feu de la chaleur de nos corps, lui montre qu'elle a tort.

Une patte sur sa croupe, l'autre sur son poitrail,
Je guette l'apparition des premiers spasmes de son corps.
Je souffle, tandis qu'à tous crins son antre, je défouraille
Une, puis deux vagues, l'hallali dans un cri, sa petite mort.

Je continue de l’habiter, de le quitter, son corps sage,
Jusqu’à sentir mes pattes céder, la douce torpeur m’envahir.
Sur son pelage encore secoué de spasmes, passe un nuage,
Dans son regard, éperdue qu’elle est dans son plaisir.

Puis l’instinct étant plus fort, ses fesses je délaisse.
Avant qu’à nouveau il ne se raidisse,
Je laisse, pantelant qui se consume, son corps en pâture,
Au désir de chair d’autres espèces.
Alors que je m’en lave dans le courant d’une onde pure,
J’entends, au loin, la raucité des estocs et ses cris, tandis qu’on la hisse.

JPABT