poissonnnerie

J'aime faire la marée comme de flâner
A sein j'erre main de près
Quand l'estran vous prend
C'est qu'il est trottoir
Au détour d'un pavé, il y a la mare
Une jolie sirène se baigne dedans
Vous sourit comme si vous étiez son roi
Vous y croyez, pourquoi pas moi

Votre cœur et votre esprit s’emballent
Vous vous rêvez infatigables amants
Vous vous voyez lui faire seize enfants
Et vivre à ses côtés au moins cent ans
Mais cruelle la vie nous ment
Elle vous dit « pour monter c’est cent balles »
Pas pour la vie, cela s’entend
Elle a crevé vos rêves comme des ballons d’enfant

Vous repartez sans vous retourner
Dans vos poches pas cinq sous vaillants
Avec entre vos jambes, votre fierté
Au cœur, un piètre sentiment
La sirène a perdu sa queue
Vous invective à qui mieux-mieux
« Retourne donc à ta vie pourrie »
Dans les odeurs de poissonnerie



Vous avez rencontré une fleur de pavé
A deux pas de chez le poissonnier
Tout droit sortie de l’étal
Juste au bord de l’enfer
A peine dessalée, la morue
Qu’a jamais vu la mer
Vendait sa fleur aux mâles
Aussi bien que la raie de son cul
Soutenue par un piteux maquereau
Un aiglefin et affreux jojo
Qui n’avait rien d’un hobereau
Lui avait fait le coup du turbot

En panoramique et en Technicolor
Je m’éloigne vers la boulangerie
En proie aux affres de mon corps
Jamais n’arrive la cavalerie
Dans le somptueux décor
D’une rue de Paris
Le soleil dispute à la mort
Le fil de nos vies.

JPABT