espoir

Il me reste l’espoir
Des tonnes d’espoir
Le transformer en vain
Et le boire jusqu'à la lie.

Rien à laisser croire
Ou bien à paraître
Broyer comme du noir
Ce qui était à naître

Lentement, doucement, patiemment,
Le digérer et s’en mithridatiser
De ce poison violent qui ne m’a pas tué
Comme s’il s’agissait d’un doux tourment

Qu’on se fait entre amants
Pour finalement du feu de la passion
Tirer ce simple enseignement :
L’amour se fout bien de la raison

Des ombres sœurs, m’en retourner ainsi
Aux heures sombres de ma vie
Qui ressemblent fort à l’ennui
A cette piètre misère d’envies

Que j’appelle l’enfer
Qui n’est rien pour les autres
Mais au fond de moi, m’enferre
Secret maudit d’apôtre

Face aux critiques des miens, renier tout de mon être
Ce lien qui nous unit, parjure, le renier tour à tour
Bien que je les aime, je le jure, s’agit il bien d’amour
De larder mes flancs de coups et de s’en tenir au paraître.

Je hais ce que je suis devenu
Sachant l’état dans lequel je ne suis plus
Il n’y a pas plus sûr moyen de souffrir
Que d’en avoir connu le jouir

Mais je me retrouve léger de nouveau
Riche de cette connaissance.
Au fond je garde l’assurance
Qu’au futur il ne faut jamais tourner le dos

Que si j’ai depuis toujours cette volonté
Même en rampant d’avancer
Si un jour je dois me brûler
De mes cendres encore fumantes, désirer

Et persister à cultiver ce fruit de mes entrailles
Aussi noir savonné qu’est le mât de cocagne
Il n’est pas dit-on de guerre qui se gagne
Sans savoir ce qu’est de perdre des batailles

Alors en bon petit soldat de la vie et de l’amour
J’avance quoiqu’il advienne avec ma fleur à mon fusil
Et j’attends d’en face, le coup fatal imprécis
Qui viendra me cueillir à mon tour.

JPABT