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Plus dure sera la chute (the harder they fall)

L'eau bouillonnante de cette pointe exposée, verra un jour ma face de près;
plonger, puis peu à peu contre les rochers rabotée, et finissant par les crabes, d'être bouffée, digérée et chiée.
De cette côte déchiquetée, battue sans cesse par la mer, comme l'est la lune par les météorites,
il demeure un paysage étrange qui m'émeut plus qu'une verte vallée.
Non qu'elle soit d'une beauté commune, mais c'est son côté désespéré,
des navires qui vont s'y échouer,s'éclater sur les rochers meurtriers et ce calme paisible,
cette grandiose quiétude quand l'eau s'est retirée.
Demain, je serai sur l'eau, emporté de mon plein gré.
Mais comme un certain le dit si bien:
" c'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme" (Renaud Sechan).
Quoique pour moi, il y ait de grandes chances que je sois toujours puceau d'ici là... mais je n'en ai cure.
A quoi cela sert-il d'aller faire trempette dans une gouttière qui collecte toutes les eaux usées d'une personne
et de ses relations : un vrai nid de saloperies qu'il ne fait pas bon attraper, même par "les cornes des cocus"
(Jacques Brel Les taureaux).
Il y a heureusement cette combinaison de plongée, ce scaphandre à queue qui date déjà de millénaires,
bien qu'il soit d'usage unique : la cellophane.
Le vent hurlant dans les esgourdes sans qu'il soit utile de porter le casque,
le heaume des chevaliers des temps modernes, en dolby stéréo,
qui fait du banal quotidien, une aventure sonore palpitante;
ce vent humide et froid m'envolera quand, perdu dans mes souvenirs cinglants,
je déploierai mes ailes pour l'ultime saut ou le premier d'une éternité de ces sauts
qu'on vit déjà en rêve sans ressentir d'un écrasement , les conséquences physiques de leurs chutes.
Pendant que votre poids vous entraîne quatre ou cinq fois plus lourd
et que votre esprit essaie de s'accrocher à l'abrupt,
le vent, matelas dérobé, se dérobe bien pourtant.

JPABT